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Communiqué de presse
Montréal, le 2 septembre 2020 – Au moment où de grands projets industriels sont à l’étude dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, le premier rapport (1) résultant du Programme de recherche sur la modélisation du trafic maritime et des déplacements des baleines dans l’estuaire du Saint-Laurent et le Saguenay (2), publié aujourd’hui par l’Université du Québec en Outaouais (UQO) et le Groupe de recherche et d’éducation sur les mammifères marins (GREMM), sonne l’alarme sur toute éventuelle augmentation du trafic maritime dans le Saguenay.
L’étude présente une nouvelle analyse sur les données de photo-identification et révèle que « le pourcentage des individus connus de la population qui fréquentent le Saguenay, sans égard à la fréquence de visite, s’élève à environ 50% des adultes (tous sexes confondus) et environ 67% des femelles. »
« Ces nouvelles analyses démontrent le caractère essentiel du Saguenay pour la survie et le rétablissement du béluga. Le manque de certitude scientifique sur l’impact d’une augmentation du bruit ne doit pas être prétexte à retarder la prise de mesures efficientes pour prévenir la disparition du béluga, notamment l’établissement d’une grande aire marine protégée, une application plus rigoureuse de la Loi sur les espèces en péril et la mise en place d’un seuil limite sur le trafic maritime », déclare Alain Branchaud, biologiste et directeur général de la SNAP Québec.
La population de bélugas du Saint-Laurent s’est vue attribuer les statuts les plus précaires des systèmes de classification québécois (espèce menacée) et canadien (en voie de disparition). Avec un déclin moyen annuel de 1% de sa population actuellement évaluée à 1000 individus, notre marge de manoeuvre pour assurer sa survie et son rétablissement est limitée.
En intégrant dans les paramètres de la modélisation le fait que les bélugas font preuve d’une grande fidélité à certains sites, l’étude démontre une augmentation significative de l’exposition des individus aux bruits par rapport à ce que les études précédentes indiquaient. Ceci suggère une vulnérabilité accrue des bélugas à une augmentation du trafic maritime dans le Saguenay.
«Le bruit nuit non seulement à la communication chez les bélugas, une communication essentielle à leur structure sociale et à leur succès reproductif, mais il les effraie aussi. Dérangés par les bruits, ceux-ci peuvent interrompre leur alimentation et dépenser davantage d’énergie pour trouver refuge, explique Louise Hénault-Ethier, chef de projets scientifiques à la Fondation David Suzuki. Justement, le Saguenay était jusqu’ici considéré comme un refuge acoustique pour les baleines qui le fréquentent. Il est probable que l’accroissement du trafic maritime et du bruit dans cette zone mène à l’abandon dans l’usage de ce territoire qui fait pourtant partie de l’habitat essentiel du béluga, protégé par la Loi. »
Les auteurs du rapport recommandent « la plus grande prudence et la patience dans la prise de décisions pour lesquelles des effets écologiques dommageables et irréversibles pour le béluga ne peuvent être exclus », une position partagée par nos organisations.
En plus de la mise en place de mesures de réduction du bruit des navires marchands, il est primordial d’avoir une réflexion sur le contingentement du trafic maritime. Plutôt que d’opter pour la quantité, une gestion responsable du Saguenay devrait permettre d’y établir un seuil limite sur le nombre de passages et de privilégier le commerce de biens et services ayant un maximum de retombées socio-économiques pour les régions, tout en minimisant les impacts sur l’environnement et la biodiversité.
« Le manque de certitude scientifique sur l’impact d’une augmentation du bruit ne doit pas être prétexte à retarder la prise de mesures efficientes pour prévenir la disparition du béluga, notamment l’établissement d’une grande aire marine protégée, une application plus rigoureuse de la Loi sur les espèces en péril et la mise en place d’un seuil limite sur le trafic maritime. »
Alain Branchaud, Directeur de la SNAP Québec
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INFORMATION
Charlène Daubenfeld
Responsable des communications, SNAP Québec
Bureau : 514-278-7627 #221
Cell : 514-378-3880
communications@snapquebec.org
Diego Creimer
Fondation David Suzuki
Cell : 514-999-6743
dcreimer@davidsuzuki.org
- Le rapport complet de l’UQO et du GREMM est disponible ici: https://cdn-cms.f-static.net/uploads/4096923/normal_5f3ed21f7142e.pdf
- Le nom complet est Programme de recherche sur la modélisation du trafic maritime et des déplacements des baleines dans l’estuaire du Saint-Laurent et le Saguenay en vue de la réduction des impacts du déploiement de la Stratégie maritime du Québec sur l’exposition des bélugas au bruit sous-marin de la navigation.