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Lettre ouverte – le 6 mai 2021
Le caribou forestier est au cœur des discussions alors que se tient cette semaine le 18e Atelier nord-américain sur le caribou (ANAC), organisé cette année « au Québec », en mode virtuel.
La tenue de cet important forum biennal dans la Belle Province est plutôt opportune puisque dans les mois à venir, le gouvernement du Québec soumettra sa Stratégie pour les caribous forestiers et montagnards à une consultation publique.
Depuis l’annonce en 2019 de cette stratégie tant attendue et la mise en place de comités régionaux, nous avons travaillé d’arrache-pied pour développer des solutions pour le rétablissement du caribou forestier – une espèce en péril au Québec et au Canada. Nous travaillons spécifiquement au maintien d’une population transfrontalière qui fait fi de la fermeture actuelle des frontières et qui voyage allègrement entre le Québec et l’Ontario : la population Detour située au nord de La Sarre. Nous présentons d’ailleurs nos travaux dans le cadre de l’ANAC cette semaine.
La recette gagnante
Nos facteurs de succès résident dans notre équipe de travail et notre mode d’opération. Nous sommes un groupe multipartite composé d’intervenants de l’industrie forestière, des Premières Nations, des groupes environnementaux et de représentants du gouvernement. Cette collaboration est un exemple de ce qui est possible d’accomplir lorsque des partenaires s’attaquent à des enjeux complexes en mettant de côté leurs positions respectives et en adoptant une approche pragmatique adaptée à notre territoire.
Nous avons misé sur un mot qui n’a pas été prononcé souvent ces dernières années dans le dossier polémique du caribou forestier : la collaboration. En effet, alors que nombre d’intervenants s’acharnent à opposer la protection du caribou forestier et la perte d’emplois, nous avons préféré nous réunir autour de la table et travailler pour le caribou sur la base de la meilleure information disponible – autant d’un point de vue écologique, économique que des connaissances traditionnelles autochtones.
Pour la suite du caribou
Afin d’atteindre notre objectif commun, c’est-à-dire développer un plan pour assurer l’auto-suffisance de l’espèce, chacun doit faire des compromis. Nous devons être à l’écoute des besoins et des connaissances des Premières Nations pour qui le caribou est intimement relié au mode de vie traditionnel et à l’identité culturelle. Nous devons nous inspirer de la science, tout en tenant en compte que certaines mesures et solutions proposées pour le caribou forestier et la préservation d’un habitat propice pour cette espèce occasionnent des impacts sur la possibilité forestière pouvant affecter l’approvisionnement en bois des usines. Ainsi, nous travaillons à mitiger ces impacts afin de conserver les emplois (travailleurs et travailleuses) du secteur forestier en maintenant un niveau d’exploitation forestière adéquat par une gestion forestière responsable et durable. Le plan d’aménagement de l’habitat du caribou forestier aidera à la conservation de cette espèce grâce à une stratégie qui recherche l’équilibre entre les besoins de l’animal et ceux de l’industrie.
Nous avons démontré par notre travail que tout cela est possible quand on entame une véritable démarche de collaboration, dans un esprit de bonne foi. Nous avons encore du pain sur la planche et n’avons aucune prétention d’avoir sauvé la population de caribou Detour – d’autant plus qu’une portion importante de l’aire de répartition de cette harde se trouve du côté ontarien. Mais nous avons certainement démontré que la bonne attitude pour arriver à des solutions est celle de l’ouverture, de l’écoute et de l’action.
Pier-Olivier Boudreault (SNAP Québec), Benoit Croteau (Première Nation Abitibiwinni) et Marie-Ève Sigouin (RYAM Gestion forestière)