Communiqué de presse
Montréal, le 6 juin 2016 – La SNAP Québec réagit à l’émission d’un communiqué du Ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs et lui demande de clarifier les modalités de protection du secteur des Montagnes Blanches.
Ce secteur constitue une zone prioritaire pour le rétablissement du caribou forestier, une espèce déclarée « vulnérable » au Québec depuis 2005.
Le communiqué en question, émis le 31 mai 2016, indique que « le secteur des montagnes Blanches bénéficie actuellement d’une protection de 5 300 km2, et cette superficie sera augmentée conformément aux engagements de ce plan [plan d’action gouvernemental]. » Selon la carte publiée à même le communiqué, près de la moitié de ce territoire (~2600 km2) est visée par une « protection administrative ».
Cette mesure n’assure en aucun cas la protection à long terme du territoire. « Pour être véritablement protégé et contribuer au maintien du caribou forestier, le territoire doit être inscrit au registre des aires protégées du Québec. » déclare Pier-Olivier Boudreault, chargé de projet en conservation et foresterie à la SNAP Québec. Les définitions et critères internationaux sur les aires protégées de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) précisent d’ailleurs que « les aires protégées doivent être gérées dans la durée et non comme une stratégie de gestion temporaire ».
Quant à l’augmentation de la superficie promise, la SNAP Québec demande au Ministre de préciser s’il compte atteindre la superficie de 10,000 km2, recommandée par le Plan de rétablissement du caribou forestier 2013-2023. Le gouvernement s’était d’ailleurs engagé à créer une ou deux aires protégées de cette superficie en 2015, engagement qui n’est toujours pas rempli à ce jour. La SNAP demande également au Ministre de préciser l’échéancier envisagé pour créer cette aire protégée prioritaire pour le caribou.
La limite nordique, une véritable protection?
Par ailleurs, le communiqué mentionne également que le Québec « protège près de 90 % des paysages forestiers intacts sur son territoire ». Cette « protection » découle en grande partie de la limite nordique des forêts attribuables, au-delà de laquelle l’exploitation forestière est interdite. Cependant, les autres activités industrielles (énergétiques et minières, notamment) y sont permises. « Encore une fois, il est important que le Ministre n’induise pas le public en erreur, affirme Pier-Olivier Boudreault. Ces zones ne sont pas de véritables aires protégées car d’autres activités industrielles pourraient être autorisées contrairement aux normes internationales établies à cet égard. »
La SNAP Québec a souligné le plan d’action pour l’aménagement de l’habitat du caribou forestier annoncé par le gouvernement le 5 avril dernier tout en soulignant que plusieurs aspects restaient à préciser. Cependant, le rétablissement du caribou forestier au Canada constitue le plus grand défi de la foresterie du 21e siècle. De par son grand domaine vital et besoin d’habitat intact, le caribou est une espèce indicatrice cruciale pour le maintien de la biodiversité en forêt boréale. Actuellement, la situation de ce caribou est critique et en voie de se détériorer au Québec, comme l’ont souligné des analyses du Forestier en Chef l’an dernier. Le rapport du Commissaire au développement durable publié le 2 juin 2016 souligne d’ailleurs l’absence de mesures adéquates pour protéger les espèces à statut précaire.
La SNAP Québec invite le gouvernement à travailler de concert avec les organisations environnementales pour la mise en œuvre de son plan d’action sur le caribou. La SNAP possède une expertise nationale sur cet enjeu et propose des solutions pour la protection de l’habitat du caribou tout en maintenant des activités forestières viables pour les régions et les communautés qui en dépendent.
« Pour être véritablement protégé et contribuer au maintien du caribou forestier, le territoire doit être inscrit au registre des aires protégées du Québec. »
Pier-Olivier Boudreault, chargé de projet en conservation et foresterie à la SNAP Québec.
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