Communiqué de presse
Montréal, le 6 avril 2016 – Malgré les efforts annoncés hier dans le cadre du plan d’action pour le caribou forestier, Québec est loin d’atteindre ses objectifs d’aires protégées.
En effet, le gouvernement s’était engagé à protéger 12 % de ses milieux terrestres et 10 % de ses milieux marins d’ici la fin de l’année 2015, deux jalons dans les efforts nécessaires à long terme pour protéger la nature. Rendu à la fin de l’année gouvernementale, le Québec ne compte que 9,16 % d’aires protégées, dont 1,3 % en milieu marin et de nombreux écosystèmes sous-représentés.
Un déni de démocratie
Pour la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec), ce constat est d’autant plus inacceptable que près de 34 000 km2 de milieux naturels sont en attente de protection à travers le Québec, alors qu’il n’en manque qu’environ 37 000 km2 pour passer le cap des 12%.
En effet, suite à l’adoption des Orientations stratégiques du Québec en matières d’aires protégées en 2011, et à la demande du ministère de l’environnement, les Conférences régionales des Élus (CRÉ) ont mené tout un travail d’identification de nouvelles aires protégées dans les régions.
« Énormément d’énergie, de temps et de ressources ont été investis par les élus régionaux, les groupes locaux et les citoyens à travers tout le Québec, afin de décider de façon éclairée et concertée de l’utilisation et de la protection de leur territoire » commente Alain Branchaud, directeur général de la SNAP Québec.
Rien qu’au Bas-Saint-Laurent, ce ne sont pas moins de 130 intervenants qui se sont mobilisés, 40 mémoires, 200 lettres ainsi qu’une pétition de plus de 3000 noms qui ont été soumis à l’attention des commissaires désignés par la CRÉ du Bas-Saint-Laurent.
La forêt des Montagnes Blanches est un exemple de ces territoires que les québécois veulent voir protégés et la SNAP s’est réjoui d’entendre hier le ministre de l’environnement affirmer l’intention de mener le travail à terme. Mais une multitude d’autres territoires sont en attente de protection à travers le Québec comme la rivière Magpie ou les Monts Chics-Chocs. « L’abandon de ces projets serait un gâchis en matière de conservation autant qu’un déni de démocratie » ajoute M. Branchaud.
Le respect des engagements internationaux en péril
Alors que des progrès significatifs sont dès aujourd’hui à portée de main, nous estimons qu’il faudrait – au rythme actuel – 8 ans de plus avant de franchir la barre des 12% d’aires protégées. L’absence de mesures de protection effectives met ainsi en péril l’atteinte de la cible internationale de Nagoya visant 17% d’aires protégées en 2020, un objectif intermédiaire en voie d’être atteint à l’échelle de la planète.
« L’action du gouvernement ne doit pas se limiter à des annonces mais doit surtout se traduire en termes de ressources, de collaboration interministérielle et de résultats concrets sur le terrain. Le gouvernement a-t-il un plan pour rattraper son retard et assurer un réseau représentatif d’aires protégées ? » demande Alice de Swarte, coordonnatrice en conservation et analyse politique à la SNAP Québec.
Le représentant des Nations Unies pour la biodiversité, M. Braulio Ferreira de Souza Dias, enjoignait récemment le gouvernement du Québec, hôte du secrétariat de la Convention sur la diversité biologique, à en faire plus pour la conservation de la biodiversité. La SNAP Québec croit qu’il est plus urgent que jamais de faire aboutir les propositions régionales et de proposer dès maintenant une feuille de route pour atteindre les objectifs de Nagoya.
La SNAP Québec offre sa pleine et entière collaboration au gouvernement du Québec et aux Premières Nations pour faire aboutir les nombreux dossiers en lice. « La mise en place aujourd’hui d’un solide réseau d’aires protégées donnerait au Québec une carte de visite attrayante et avant-gardiste pour les nombreux investisseurs désireux de s’établir dans une économie en harmonie les communautés locales et leur environnement » de conclure Alain Branchaud.
« L’action du gouvernement ne doit pas se limiter à des annonces mais doit surtout se traduire en termes de ressources, de collaboration interministérielle et de résultats concrets sur le terrain. Le gouvernement a-t-il un plan pour rattraper son retard et assurer un réseau représentatif d’aires protégées ? »
Alice de Swarte, coordonnatrice en conservation et analyse politique à la SNAP Québec.
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