Espace Presse

Coupes forestières pour lutter contre les changements climatiques : un débat scientifique est nécessaire

1 octobre, 2019
Coupes forestières pour lutter contre les changements climatiques : un débat scientifique est nécessaire

Partager ce contenu


Communiqué de presse

Montréal, le 1er octobre 2019La Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) s’inquiète de l’intention de faire de la foresterie un secteur d’importance clé dans la lutte contre les changements climatiques. Cette orientation a été annoncée hier lors du dévoilement de la nouvelle vision forestière du gouvernement du Québec. La SNAP Québec dénonce une vision réductrice de la forêt axée sur sa valeur économique et souligne l’absence des enjeux de protection de la biodiversité et des autres usages réservés à la forêt, notamment pour le maintien des modes de vie traditionnels autochtones.

 « La SNAP Québec invite le gouvernement à la prudence face à cette orientation et suggère la tenue d’une évaluation environnementale stratégique (EES) pour étudier la question. Une telle évaluation est nécessaire pour tenir compte de la complexité des processus de captation de carbone par les forêts, des impacts des coupes forestières et du cycle de vie des produits forestiers », indique Alain Branchaud, biologiste et directeur général de la SNAP Québec. Au Canada, environ la moitié des produits forestiers sont à courte durée de vie (pâtes et papiers, bioénergie). Selon les chiffres du GIEC, 75% de leur carbone est relâché dans l’atmosphère dans l’espace de quatre ans après leur production. Spécifiquement pour le bois d’œuvre, il est estimé que seulement 30% du carbone d’un arbre se retrouve dans les produits à longue durée de vie (bois de construction, meubles, etc). Le reste du carbone est soit laissé sur le site (branches, cimes et racines) ou perdu dans le processus de transformation.

Par ailleurs, non seulement l’efficacité de telles stratégies sur la crise climatique est discutable, mais elle vient accélérer le déclin de la biodiversité. À l’heure où près d’un million d’espèces seraient menacées d’extinction, il est impératif que les mesures prises pour réduire les émissions de GES ne nuisent pas à la biodiversité. Le cas du caribou forestier et du caribou de la Gaspésie, tous deux en péril, en sont des exemples particulièrement percutants.

« Face à l’urgence climatique, il est primordial de réduire immédiatement nos émissions et de séquestrer un maximum de carbone. Couper davantage nos forêts crée une dette carbone qui au mieux ne sera remboursée que dans plusieurs décennies. Est-ce vraiment la meilleure stratégie à adopter? », ajoute Pier-Olivier Boudreault, biologiste en conservation à la SNAP Québec.

Des études ont d’ailleurs démontré qu’une forêt qui compte une plus grande diversité biologique capte davantage de carbone qu’une forêt replantée.

Sur une note plus positive, la SNAP Québec appuie la bonification de la Charte du bois, qui vise à utiliser davantage de bois dans l’industrie de la construction en remplacement de produits à haute empreinte de carbone comme le ciment ou l’acier.  Cependant, la crise climatique actuelle appelle à la réduction globale de la demande de produits forestiers, surtout ceux à usage unique ou destinés à production d’énergie. 

Les solutions nature pour le climat

La SNAP a tout récemment publié un rapport sur les « solutions nature pour le climat » qui met l’emphase sur le rôle que peut jouer la protection des forêts et des autres écosystèmes naturels dans la lutte aux changements climatiques. Les scientifiques estiment que d’ici 2030, près du tiers des efforts nécessaires pour atténuer les changements climatiques passent par la protection de ces milieux naturels, l’amélioration des pratiques d’aménagement et la restauration des milieux perturbés.

« Face à l’urgence climatique, il est primordial de réduire immédiatement nos émissions et de séquestrer un maximum de carbone. Couper davantage nos forêts crée une dette carbone qui au mieux ne sera remboursée que dans plusieurs décennies. Est-ce vraiment la meilleure stratégie à adopter? »

Pier-Olivier Boudreault, biologiste en conservation à la SNAP Québec.

– 30 –

Information

Charlène Daubenfeld
Responsable des communications, SNAP Québec
Bureau : 514-278-7627 #221
Cell : 514-378-3880
communications@snapquebec.org