SNAP Québec

Comment se marier avec une rivière

Publié le 13 février 2018
#magpie #cotenord 

 

Pier-Olivier Boudreault
Biologiste en conservation

Pier-Olivier est biologiste en conservation à la SNAP Québec depuis 2013. Son travail au sein de l’Agence Parcs Canada et de plusieurs ONG au Québec et en Amérique Centrale l’ont mené à s’intéresser à la conservation et aux aires protégées. Il adore le canot, la pêche, la photographie, la musique et les mouches à chevreuil.


Comment se marier avec une rivière

Travailler à protéger nos espaces naturels me fait parfois penser à une relation amoureuse, tellement on vit des montages russes d’émotions. Succès, défaites, long terme, amour… Parce que l’amour est toujours au cœur du dossier quand on souhaite protéger des rivières et des forêts exceptionnelles.

Laissez-moi vous donner un exemple concret et vous présenter la rivière Magpie, sur la Côte-Nord, que la SNAP Québec travaille à protéger depuis près de dix ans. Oui, c’est un travail de longue haleine, tout comme un mariage!

 

La rivière Magpie, sur la Côte-Nord

Vous devez savoir que la rivière Magpie est une rivière de renommée internationale pour les expéditions en eau vive située ici même au Québec. Que ce soit pour une inoubliable expédition en rafting de cinq jours à deux semaines au cœur de la forêt boréale, ou une aventure intense en kayak ou en canot dans des rapides tumultueux, la Magpie est la destination de choix. Située entre Sept-Îles et Havre-Saint-Pierre, elle fait partie du Nitassinan, le territoire ancestral de la Première Nation Innue. Mais au Québec, qui dit rapides dit électricité, et Hydro-Québec a ciblé la rivière pour un éventuel développement hydroélectrique.

Le coup de foudre initial

Tout a commencé en 2009, quand un groupe de pagayeurs de la Minganie a interpellé la SNAP Québec dans l’espoir de préserver la rivière Magpie d’un développement hydroélectrique. Il n’a pas fallu de temps pour comprendre que leur relation avec la rivière était une véritable histoire d’amour. Ils connaissaient déjà la rivière comme le fond de leur poche, alors que le reste du Québec ignorait ce paradis dans sa cour arrière. On s’est mis d’accord que pour le bénéfice des générations actuelles et futures, on ferait tout ce qui est en notre pouvoir pour protéger la Magpie – incluant la partager avec le reste du monde!

Je ne présenterai pas en détail toutes les actions menées depuis le temps, mais après le démarrage d’une pétition, plusieurs voyages organisés sur la rivière, d’innombrables rencontres avec les élus et d’autres intervenants, et de nombreux autres événements, nous pouvons finalement dire que nous avons tout le support nécessaire pour le projet de conservation de la rivière Magpie – Premières Nations, regroupements de maires, professeurs, entreprises, organisations environnementales… Ce projet inclut la protection et la mise en valeur de la rivière et des magnifiques paysages sauvages qu’elle sillonne.

Toujours un écueil à l’horizon…

Après toutes ces années, et avec une proposition d’aire protégée claire provenant des élus régionaux, la balle est dans le camp du gouvernement du Québec. Ce sera ultimement à lui de prendre l’importante décision, en notre nom, de protéger la rivière et son bassin versant pour toujours. En d’autres mots, nous en sommes à la dernière étape. Mais le problème est qu’Hydro-Québec semble toujours avoir les yeux – et les mains – sur la rivière Magpie.

En septembre dernier, nous avons organisé une manifestation éclair (Flash mob) devant le siège social d’Hydro-Québec, à Montréal. Avec nos raftings, nos kayaks, notre rivière géante en tissu et notre fougue, nous avons lancé un message clair : la rivière Magpie doit être protégée, pas harnachée! Hydro-Québec a annoncé devant les caméras qu’il n’y avait plus d’intention d’harnacher la rivière. Mais quelques mois plus tard, la SNAP Québec dévoilait que le Ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles (responsable d’Hydro-Québec) bloquait toujours l’avancement du projet d’aire protégée en coulisses.

En septembre 2017, une mobilisation citoyenne s’est tenue devant le siège social d’Hydro-Québec, pour demander à ses dirigeants la protection de la rivière Magpie

Notre détermination pour protéger la Magpie n’est pas un feu de paille, et c’est pourquoi nous allons déposer notre pétition de plus de 10,000 noms au gouvernement du Québec le mois prochain. Il est encore temps de joindre les rangs en signant et en partageant la pétition avec votre entourage au: www.sauvonslamagpie.org !

Il y a plusieurs raisons pour lesquelles nous souhaitons que la rivière Magpie reste sauvage, mais la plus importante, c’est que nous l’aimons… comme elle est! Autrement, nous aurions déjà abandonné le combat.

Bonne Saint-Valentin! Aimez la nature!

Plus d’information sur la campagne de protection de la rivière Magpie