SNAP Québec

Caribou forestier : Trop de planification, pas assez d’action

Communiqué de presse

Montréal, le 3 avril 2019 – La Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec) est déçue de l’échéancier annoncé aujourd’hui par le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP) pour la publication de la stratégie provinciale pour le rétablissement du caribou forestier.

Compte tenu de l’urgence d’agir pour la protection de cette espèce en péril et des nombreux rapports et plans déjà parus, la mise en œuvre de la stratégie provinciale prévue dans quatre ans, en 2023, paraît beaucoup trop tardive. À une telle date, cela fera 20 ans que le caribou aura été désigné espèce menacée au Canada.

La SNAP Québec ne doute pas de la bonne foi du gouvernement dans le dossier et apprécie la volonté de consulter les parties prenantes avant de publier ladite stratégie. L’organisation environnementale encourage d’ailleurs le gouvernement à mettre en place les mesures intérimaires annoncées, comme la protection des massifs forestiers névralgiques pour le caribou.

Cependant, la planification « à la pièce » a ses limites. Considérant le déclin rapide des populations isolées des caribous de Val-d’Or et de Charlevoix et les faibles probabilités de survie de plusieurs autres populations au Québec, il importe d’agir rapidement.

« Il nous aurait fallu un échéancier en accéléré pour le caribou forestier, pas un autre quatre ans d’attente », estime Pier-Olivier Boudreault, biologiste en conservation à la SNAP Québec. « C’est comme dire à un patient atteint d’un cancer qu’on va étudier son dossier encore quelques années avant de lui proposer une thérapie. »

« C’est comme dire à un patient atteint d’un cancer qu’on va étudier son dossier encore quelques années avant de lui proposer une thérapie. »

Pier-Olivier, Boudreault, biologiste en conservation à la SNAP Québec

L’importance de la collaboration
La stratégie provinciale pour le rétablissement du caribou prévoit des mesures concrètes de protection et de restauration de l’habitat du caribou, ainsi qu’une analyse des impacts socio-économiques et des mesures de mitigation envisagées. Plusieurs données et pistes de solutions sont déjà disponibles.

« Depuis plus de trois ans, le MFFP travaille à l’élaboration de sa stratégie sur le caribou à l’interne malgré les structures de concertation existantes », dénonce Alain Branchaud, biologiste et directeur général de la SNAP Québec. « Une stratégie voit ses chances de réalisation augmentées lorsque les parties prenantes sont impliquées en amont et il n’est donc pas surprenant de voir autant de planification et si peu d’actions. »

La SNAP Québec espère que les organisations environnementales seront invitées à faire partie des groupes de travail régionaux que le gouvernement prévoit instaurer pour opérationnaliser la stratégie, et qu’ils seront ainsi reconnus comme des acteurs du milieu forestier. La SNAP Québec est un organisme porteur de solutions qui a travaillé en collaboration avec les Premières Nations, l’industrie forestière et le gouvernement sur des plans d’aménagement pour l’habitat du caribou, notamment pour la population Détour en Abitibi-Témiscamingue.

Remise en question de l’approche « top-down »
L’annonce d’aujourd’hui démontre la difficulté de la machine gouvernementale à agir rapidement pour le rétablissement du caribou et à livrer la marchandise dans les délais promis. Presque exactement trois ans ont passé depuis la publication du « plan d’action » provincial pour le caribou. Le ministre de l’époque avait pourtant annoncé la livraison de la stratégie à long terme « dans les prochains mois, voire d’ici un an ou deux » lors d’une conférence de presse en avril 2016.

Dans ce contexte, la SNAP Québec souhaite privilégier des approches de collaboration émanant de la base, notamment des communautés autochtones, mais aussi de l’industrie, des municipalités, des divisons régionales du MFFP, des syndicats et des groupes environnementaux. Ce type d’approche permet d’agir plus rapidement sur des zones ciblées et de mettre à profit les experts qui connaissent le mieux le territoire.

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Information

Charlène Daubenfeld
Responsable des communications, SNAP Québec
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